Mon école de rêve

Mon école de rêve

Bonjour!

Tel que mentionné dans le blogue précédent, je vais vous parler d’un de mes rêves en tant que personne autiste.Nous avons tous de grands rêves, que l’on soit différent ou non, et j’aimerais que celui-ci se réalise un jour pour moi et mes amis autistes. Le voici : L’école de mes rêves!

Je  vais vous expliquer ce qu’il y aurait dans cette école et pourquoi cela pourrait m’aider.

Lieux

Premièrement, dans les salles de classes, les murs seraient peinturés en mauve très pâle ainsi que les autres murs de l’école.  Je crois que ce serait une couleur bénéfique pour tous les élèves en termes de relaxation. De plus, les pupitres seraient remplacés par des postes de travail (tables) auxquels on pourrait travailler debout ou assis car j’ai parfois de la difficulté à rester assis. Il y aurait également des bancs à une patte : ce sont des bancs qui bougent beaucoup et qui ne possèdent qu’un seul pied.

Cela m’aide lorsque je ressens le besoin de bouger. Également, chaque élève aurait le même poste de travail pour toute l’année. Il n’y aurait pas de changements pour que l’élève vive moins d’anxiété. Par contre, si l’élève devait changer de poste de travail, l’enseignant le ferait en présence de l’élève pour que celui-ci puisse « scanner» le changement tel qu’expliqué dans le blogue précédent.  Il y aurait également une chaise berçante car beaucoup de personnes autistes adorent se bercer et cela peut en plus calmer l’anxiété.  Les néons seraient remplacés par des ampoules qui allument en blanc et qui n’agressent pas les yeux.  La lumière trop forte peut parfois agresser les yeux de certaines personnes autistes. Finalement, dans les fenêtres, il y aurait des rideaux d’une couleur foncée.

Une apaisante et reposante salle sensorielle serait disponible pour calmer les élèves.  Les murs de cet endroit calmant seraient peinturés en blanc afin de favoriser encore plus la détente. Voici quelques exemples d’objets sensoriels qui seraient dans cette salle : Il y aurait des coussins doux et confortables, des lumières colorées stables (qui ne clignotent pas), du sable lunaire, des balles anti-stress à manipuler, des peluches, des oreillers, des couvertures lourdes pour les élèves qui ne sentent pas leur corps et une petite tente pour calmer un élève en crise qui a besoin de se couper des sons. Cela va l’aider à retrouver le calme. Tous les après-midi, après les heures de classe, le service de garde ferait leurs activités dans cette salle sensorielle afin que les élèves se reposent de leur journée et ce, jusqu’à ce qu’il ferme en début de soirée.

La cafétéria serait paisible. Les personnes qui y seraient présentes devraient parler moins fort, un peu comme dans une bibliothèque. Il y a déjà à gérer le bruit de la vaisselle qui cogne ensemble, la caisse enregistreuse, toutes les odeurs de nourriture et toutes les personnes qui parlent ensemble.

Les gymnases seraient adaptés. Ils seraient plus petits, donc, il y aurait beaucoup moins d’écho et de bruits. Les murs réguliers seraient remplacés par des murs qui coupent le son. La pièce des vestiaires serait directement dans chaque gymnase et elle serait adaptée. Il y aurait des séquences visuelles pour aider les personnes autistes avec l’habillage et des aide-mémoires pour valider chaque étape de l’habillage.

Il y aurait aussi une piscine extérieure  parce qu’il y aurait moins d’écho et  l’eau me fait beaucoup de bien.  Les élèves pourraient l’utiliser comme loisir sur l’heure du midi ou, de temps à autre, des groupes pourraient la réserver et l’utiliser sur le temps de classe afin de pratiquer le schéma corporel (savoir où se situe son corps).  Les vestiaires seraient situés sur le bord de celle-ci et seraient adaptés tout comme dans les vestiaires pour l’éducation physique. Il y aurait également d’autres salles de bains dans ceux-ci afin d’éviter de retourner dans l’école.  Des pictogrammes indiqueraient ce qui est autorisé de faire et d’autres ce qui est interdit de faire dans cette piscine.

Dans les salles de bains, les toilettes seraient moins bruyantes et la chasse d’eau ne partirait pas automatiquement; plusieurs personnes autistes n’aiment pas le bruit et aiment quand ils peuvent contrôler la chasse d’eau.  Les séchoirs à mains seraient remplacés par des distributeurs de papier car cela ne fait pas de bruit.  Tous les lavabos auraient des robinets manuels étant donné le besoin de prévisibilité chez les personnes autistes.

L’auditorium serait moins grand pour éviter les surcharges auditives. De plus, les lumières seraient tamisées lors des spectacles et un chariot sur lequel seraient déposés des casques anti-bruits (coquilles) seraient disponibles en tout temps pour toutes les classes. Les élèves auraient le droit de sortir prendre des pauses quand ils trouveraient que la présentation est trop bruyante. Les présentations seraient de courte durée et ce serait généralement des pièces de théâtre.

Des pictogrammes seraient installés dans l’école afin de nous expliquer les lieux « publics», où tout le monde pourrait aller, comme les salles de bains, les gymnases, la cafétéria, l’ascenseur, la bibliothèque, l’auditorium, etc.

Adaptations classes

En début d’année scolaire, il y aurait une présentation pour chaque élève dans la classe pour que l’enseignant(e) et les élèves s’adaptent à la situation de chacun. Les personnes autistes n’ont pas toutes les mêmes difficultés et elles n’ont pas tous des problèmes sensoriels et certaines personnes ont besoin d’un animal d’assistance en classe.

L’enseignant(e) et l’éducatrice donneraient une photo d’elles à chaque élève.  Donc, l’élève pourrait mieux intégrer la personne qui s’occuperait de lui. Il pourrait non seulement enregistrer son visage, mais il pourrait aussi se mémoriser son ton de voix et son fonctionnement dans la classe avec les élèves.

Les élèves auraient des choix pour leurs cours intégrés à leur horaire, tels que : sciences, informatique, arts plastiques et musique. Nous pouvons exceller dans une matière, mais nous pouvons avoir de très grosses difficultés dans une autre. De plus, des cours de yoga seraient ajoutés à l’horaire de tous les élèves inscrits à cette école car c’est un exercice calmant.

De l’aide serait apportée aux élèves qui ont plus de difficultés dans une ou quelques matière(s) par une orthopédagogue. Il y aurait aussi une ergothérapeute et une orthophoniste pour tous ceux qui en ont besoin.

Chaque élève aurait droit à des paravents lors des examens, ceux-ci aideraient à la concentration et éviteraient les distractions autour de lui. Les élèves auraient également plus de temps et de visuel pour faire leurs examens car parfois la compréhension d’une consigne peut être plus longue chez la personne autiste, surtout si l’examen est évalué sur l’une de ses matières les plus difficiles.

Il y aurait très peu de travaux scolaires en équipes car une personne autiste dans un groupe doit gérer le bruit, le fonctionnement de l’activité en groupe, il doit apprendre à modifier ses plans selon les idées des autres et à ne pas être anxieux à cause de cela, etc. Alors, cela est plus difficile de réaliser la tâche demandée.

On apprendrait également les matières beaucoup plus par le tableau blanc interactif et par les ordinateurs que par papier-crayon. Je crois qu’une notion est intégrée plus facilement chez la personne autiste par l’informatique que par les cahiers et modules. Chaque élève aurait une tablette prêtée par l’école afin qu’il puisse apprendre à son rythme et de façon autonome.

Pour ce qui est des matières scolaires, les consignes seraient expliquées verbalement et écrites. Les consignes seraient claires parce que la précision des mots est très importante pour plusieurs personnes autistes, sinon ils ont de la difficulté à comprendre la consigne ou ils ne la comprennent pas du tout. Aussi, les double-sens et les expressions seraient expliqués par l’enseignant(e) ou l’éducatrice.

Chaque élève aurait un casier dans sa classe; celui-ci servirait à ranger son matériel de classe et  également à ranger ses vêtements extérieurs.  L’utilité de ce casier pour les vêtements serait, encore une fois, pour diminuer les surcharges de bruits à comparer au hall d’entrée et augmenter la concentration et l’efficacité de la personne sur son habillement.

À chaque fin de journée, l’enseignant(e) et l’éducatrice accompagneraient chaque élève dans son départ à la maison ou dans son transfert au service de garde.  Je trouve que les fins de journées sont un peu plus stressantes que les autres moments pour moi. L’enseignant(e) ou l’éducatrice s’assurerait que chaque élève n’ait rien oublié juste avant son départ (par exemple : les cahiers pour étudier, les messages à faire signer par les parents, etc.).  Aussi, la classe pourrait se terminer plus tôt pour ceux qui sont facilement fatigables.

Lors des récréations et des périodes libres, une personne autiste a de la difficulté à gérer ses sens; elle voit plusieurs personnes marcher, elle entend plein de gens parler, son sens du toucher va être plus sollicité, elle peut même manger, tout cela en même temps. Alors, les récréations et périodes libres se passeraient dans les classes respectives. Un « tableau de choix» serait présenté en grand groupe. Par exemple, la personne pourrait avoir le choix de : jouer sur sa tablette, lire un livre, colorier, écouter de la musique, faire un casse-tête, etc. C’est une façon visuelle de montrer à ces personnes qu’est-ce qu’elles peuvent faire pour s’occuper dans ces temps-là. Cet outil l’aiderait dans ses choix.

Pour que les parents des élèves comprennent mieux le comportement de leurs enfants lorsqu’ils arrivent de l’école, chaque élève aurait un carnet de communication.  Ils expliqueraient aux parents s’il s’est passé des événements anxiogènes, des situations problématiques ou tout simplement des réussites.

Il est important de savoir que si l’enseignant(e) devait s’absenter, l’éducatrice surveillerait et aiderait les élèves pendant que des capsules vidéo seraient présentées sur le tableau blanc interactif qui remplaceraient son enseignement. Dans ces capsules, ce serait l’enseignant(e) qui expliquerait les matières, et celles-ci seraient filmées à l’avance afin qu’elles puissent être visionnées par les  élèves quand l’enseignant(e) ne serait pas là. Une nouvelle personne, c’est beaucoup moins facile à gérer pour l’élève présentant un TSA (trouble du spectre de l’autisme). Il doit la connaître, s’habituer à son fonctionnement, à son ton de voix, prendre une photo de celle-ci dans sa tête et l’intégrer dans sa mémoire. Ce serait également le même enseignant d’années en années; ce serait plus prévisible pour les élèves et celui-ci connaîtrait déjà les élèves et leur fonctionnement.

Lorsque les classes écouteraient des films pour une activité ou une période récompense, les films réguliers d’une durée d’une heure et plus seraient remplacés par des mini films d’une durée de vingt ou de vingt-cinq minutes. Pour les neurotypiques, un film, c’est comme une récompense ou une relaxation. Pour moi, c’est comme si je travaillais.  Je dois gérer le volume, je dois essayer fort de comprendre pourquoi telles actions se passent dans telles scènes, je dois me demander pourquoi le personnage fait telle chose,… De plus, les élèves seraient préparés à l’avance quand il y aurait des activités spéciales afin d’éviter de créer l’effet surprise et que les élèves soient anxieux.

Lorsqu’il y aurait des sorties scolaires, les élèves seraient préparés bien à l’avance afin d’éviter qu’ils soient tous trop stressés.  Ce serait le même transport scolaire que le matin et le soir qui transporterait les élèves. Les sorties se passeraient généralement en extérieur, afin de diminuer l’impression d’être « collés et serrés» lors des sorties intérieures lorsqu’il y a trop de personnes et aussi pour diminuer le bruit. Il pourrait y avoir par exemple, en été,  des sorties au zoo, au parc, à la plage et en hiver, des sorties dans les sentiers, les centres de ski et les patinoires extérieures.

Il n’y aurait pas trop d’affiches sur les murs et les tableaux dans la classe car « trop de visuel» pour une personne autiste, c’est comme s’il n’y en avait pas assez; il doit avoir un juste équilibre dans le visuel. De plus, les élèves risqueraient d’être déconcentrés durant leurs apprentissages ou surchargés s’il y avait trop d’affiches.

Pour que les élèves comprennent mieux la notion du temps, il y aurait un « Time-Timer» dans chaque salle de classe. Je vous explique : un « Time-Timer », c’est une minuterie visuelle et sonore qui indique combien il reste de temps avant la fin d’une tâche ou d’une activité.

À chaque fois que la cloche sonnerait, les élèves auraient plus de temps pour ranger leur matériel, par exemple six ou sept minutes avant la fin du cours. Ces personnes en ont besoin de ce surplus de temps. Si la cloche était déjà sonnée et que les élèves seraient en train de ranger leur matériel, cela créerait de l’anxiété inutile et cela pourrait même empêcher les élèves de faire leur rangement correctement sous le stress, comme insérer une feuille dans un cahier à anneaux.

Lors des retours de vacances (par exemple, après Noël, la semaine de relâche et les vacances d’été), les apprentissages seraient moins demandants et seraient plus « mollos» car chez la personne qui présente un TSA,  réintégrer une certaine routine après un long congé est beaucoup plus long qu’une personne neurotypique. Cela ne prendra pas qu’une seule journée pour réintégrer la routine.

Le personnel de l’école respecterait le rythme de socialisation avec chacun car les personnes autistes ne sont pas toujours prêtes à le faire. Parfois cela leur crée du stress et ils se sentent mal à l’aise et parfois ils ne sont pas encore rendus à franchir cette étape.

Adaptations  dans les spécialités

En éducation physique, les consignes de chaque jeu seraient expliquées visuellement  avec des images sur un tableau pour nous aider à comprendre. Il  y aurait des sports individuels tels que : « dribbler» un ballon,  course, entraînement physique individuel qui remplaceraient les sports d’équipes. Pour moi, dans les jeux d’équipes, il y a trop de choses à gérer; la proximité des nombreuses personnes, les consignes du jeu, l’écho, la vitesse du jeu et savoir où me situer dans le gymnase.

En arts plastiques, l’enseignant(e) expliquerait les consignes visuellement. Lorsque les personnes neurotypiques utilisent trop de mots, les personnes présentant un TSA ont de la difficulté à gérer tous ces mots en même temps dans leur tête. Les projets seraient aussi moins demandants pour les élèves qui ont de la difficulté en motricité fine et il y aurait un peu moins d’étapes à réaliser, mais ceux-ci seraient tous aussi beaux!

La classe de musique serait adaptée. Il y aurait des instruments de musique tels que des xylophones, un piano, des violons, des triangles, des petits tambourins et des claviers.  Le son de chaque amplificateur serait également très bas lorsque l’on brancherait certains instruments à ceux-ci pour y jouer.

Adaptations anxiété

Pour calmer l’anxiété et les crises des élèves, une boîte avec des objets sensoriels serait disponible dans chaque classe. Il pourrait y avoir par exemple des objets à manipuler, des balles molles, des pâtes à textures différentes, des jouets lumineux, des élastiques pour étirer, etc. Je dois vous dire que les objets sensoriels sont nécessaires dans les classes pour élèves autistes.

Un élève anxieux aurait droit à une « pause de cerveau» dans un endroit calme dans l’école. Je vous explique : lorsque la personne autiste en a besoin, c’est lorsque ses sens sont trop sollicités à la fois et qu’elle est surchargée. Toutes les informations dans son cerveau éclatent, un peu comme du maïs soufflé dans un four micro-ondes. Je vous propose un petit exercice pour mieux comprendre la sollicitation des sens; faites jouer un CD de musique avec le volume très haut, sentez plein d’odeurs différentes en même temps, regarder quelqu’un courir très vite et touchez à des textures agressantes et ce, toutes en même temps.  Est-ce-que vous aimez cela?

Le transport scolaire pour se rendre à l’école et partir de l’école serait adapté. Les autobus et minibus seraient remplacés par des taxis car il y a beaucoup moins de passagers, il y a beaucoup moins de bruits et cela est plus facile à gérer pour les élèves autistes, surtout en fin de journée parce qu’ils sont plus susceptibles d’être fatigués.

Je suis conscient que cette école n’existe pas, qu’elle n’est qu’un rêve pour moi. Je peux vous dire que si cette école existait, je pourrais dire : « Maintenant, je serre l’école dans mes bras»!  Vous, chers lecteurs, quels sont vos plus grands rêves?

Dans le prochain article, je vous parlerai de «  comment mes sens fonctionnent ».

Merci encore une fois de m’avoir lu et je vous dis à la prochaine!

Thomas